Comment et quand commencer à mettre de côté pour ses enfants ?
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Que ce soit pour financer leurs études, payer leur permis de conduire ou leur offrir un premier logement, préparer l'avenir financier de ses enfants est une préoccupation majeure pour de nombreux parents. Mais quand faut-il commencer à épargner ? Investissement immobilier, actions, assurance-vie... quelle est la meilleure stratégie à adopter ? On explore différentes options pour maximiser les économies de vos enfants.
Pourquoi est-il important d'épargner pour ses enfants ?
Votre cœur a fait un bond dans votre poitrine lorsque votre aîné vous a annoncé qu'il voulait postuler dans “cette-super-école-de-commerce-au-réseau-incroyable”. Un réseau incroyable qui se paye. Environ 10 000 € par an, multipliés par 3 années d’études (minimum). Le prix d’un SUV tout équipé. Sans compter les frais de scolarité, le coût du logement, des assurances, des transports…
Après avoir séché vos larmes (et fait une croix sur votre SUV), vous vous êtes souvenu de tous ces chèques d’anniversaire de mamie Jeannine partis en fumée depuis 18 ans dans des logos Star Wars et cartes Pokémon. Le calcul est sans appel : à raison de 500 € de chèques et cadeaux reçus depuis sa naissance, Titouan aurait pu économiser 9 000 €, sans intérêts, pour financer ses études (ou votre SUV).
Une épargne qui aurait été fort utile à votre progéniture pour anticiper ce moment crucial. Dommage, Titouan va devoir tirer un trait sur ses études ! Après tout, vous n'êtes pas le seul à devoir renoncer à vos rêves.
Quand commencer à épargner pour ses enfants ?
Bon, on s’excuse pour ce scénario catastrophe qui a fait trembler les parents derrière leur écran. C’était pour illustrer notre propos, à savoir épargner le plus tôt possible pour vos enfants.
Si vous n’avez pas économisé un kopeck pour votre Titouan, rassurez-vous, il n’est pas trop tard pour rectifier le tir. Certes, plus vous commencez tôt, plus cela sera rentable, l’épargne étant un processus qui s’apprécie dans la durée, un peu comme un marathon.
Une petite épargne constante sur 18-20 ans vous rapportera effectivement plus qu’une forte épargne désordonnée sur 3 ans. C’est la puissance des intérêts composés, des intérêts calculés sur le capital initial et des intérêts.
Par ailleurs, plus tôt vous commencez, plus tôt vous inculquez la valeur de l’argent à votre enfant. C’est en effet un bon moyen de lui montrer qu'économiser aujourd'hui a une utilité pour demain : pour réaliser des projets, partir en vacances, s’offrir un cadeau, répondre à un imprévu…
Un peu comme la théorie du Marshmallow, vous savez, ce fameux test effectué pour la première fois en 1972 à Stanford. Le concept ? Un marshmallow est offert à un enfant, si celui-ci résiste et ne le mange pas dans les 15 minutes, alors un 2e lui est offert. Cette expérience avait pour objectif de mesurer la sensibilité à la “gratification différée”, autrement dit la capacité à retarder l’obtention d’une récompense pour augmenter cette dernière. Un petit sacrifice dans le présent permettrait d’obtenir un bénéfice maximisé dans le futur, comme l’épargne quoi.
Quels types de comptes ou placements choisir ?
Alors, sur quels types de placements se positionner pour faire fructifier l’épargne de votre enfant ? Assurance-vie, actions, investissements immobiliers, quels sont les rendements et risques de chacun selon l'âge de votre enfant. On fait le point.
À la naissance
- L'ouverture d’un compte bancaire rémunéré est toujours une bonne idée pour placer les sous reçus par la famille et les amis. A priori, Titouan n’aura pas de grosses envies de dépenses à 7 mois, alors autant en profiter. Cette ouverture peut se faire seulement par les parents ou les représentants légaux.
Certaines banques proposent également des primes de naissance pour l’ouverture d’un compte bancaire pour bébé. Celles-ci peuvent varier de 20 € à 80 € selon les banques. Attention toutefois, les placements proposés ne sont pas les plus rémunérateurs (entre 0,2 % à 3 % brut selon les banques) et peuvent parfois être imposés. Vérifiez bien les conditions avant toute ouverture.
- Le Livret A est un classique. Proposé par toutes les banques, sans frais et avec une fiscalité imbattable (les intérêts sont exonérés d’impôt et de prélèvements sociaux), l’argent versé est disponible à tout moment (avec l’autorisation du représentant légal jusqu’à 16 ans). La rémunération du Livret A est fixée à 3 % depuis le 1er février 2023 et son plafond à 22 950 €, c’est un bon support d’attente avant d’effectuer des placements plus intéressants.
- PEL (Plan Epargne Logement) : Ce placement à moyen terme peut être utilisé pour obtenir un prêt immobilier à taux avantageux dans le cadre d’un projet d’acquisition de résidence principale (intéressant pour le premier achat de Titouan).
Un dépôt initial minimum de 225 € est requis à l’ouverture, les versements sont ensuite libres mais doivent atteindre au moins 540 € par an et ce pendant 4 ans minimum avant de pouvoir utiliser son capital. Au-delà de 10 ans, il n’est plus possible d’effectuer de nouveaux versements.
La durée maximale d’un PEL ouvert après le 28 février 2011 est limitée à 15 ans et les dépôts ne peuvent excéder 61 200 € (hors capitalisation des intérêts). Pour les PEL ouverts à partir du 1er janvier 2024, le taux de rémunération est fixé à 2,25 %. Les fonds d’un PEL peuvent être retirés à tout moment, cependant, tout retrait entraîne la clôture du plan.
- Livret A : 3 %
- Plan d’Epargne Logement (PEL) : 2,25 %
- PEAC (Plan Epargne Avenir Climat) : Ce nouveau produit d’épargne réservé aux moins de 21 ans propose aux jeunes de se constituer une épargne tournée vers le financement de la transition écologique. Il est automatiquement clôturé à l’âge de 30 ans et ses versements sont limités à 22 950 €. Le PEAC se rapproche d’un plan épargne actions (PEA) ou d’un plan épargne retraite (PER) en proposant aux souscripteurs d’investir leur épargne sur des supports variés (actions, obligations, etc.). Le capital n’est donc pas garanti (contrairement à un Livret A), car soumis aux fluctuations des marchés financiers.
- L’assurance-vie : Outil d'épargne à long terme, le rythme des versements est entièrement libre ou peut être programmé selon les préférences. Il n'y a pas de montant minimal imposé par la loi, bien que l'intermédiaire financier puisse fixer un seuil minimum. Il en va de même pour le plafond légal.
L’ouverture d’une assurance-vie pour un mineur doit être réalisée par les parents ou les représentants légaux. Ce sont ces derniers qui sont responsables de la gestion du contrat jusqu’à la majorité de l’enfant.
Le rendement de l'assurance-vie dépend des supports d'investissement choisis (fonds en euros, unités de compte en actions, obligations, immobilier, etc.), ainsi que du niveau de risque sélectionné. Les fonds sont disponibles à tout moment. Toutefois, tout retrait avant 8 ans entraîne une fiscalité spécifique :
Durée d’investissement des primes versées | Imposition |
---|---|
Entre 0 et 8 ans | Prélèvement forfaitaire unique (PFU)(1) de 30 % |
Plus de 8 ans avec primes versées inférieures à 150 000 euros(2) | Prélèvement forfaitaire de 7,5 % + prélèvements sociaux de 17,2 % |
Plus de 8 ans avec primes versées supérieures à 150 000 euros(2) | Prélèvement forfaitaire unique (PFU)(1) de 30 % |
À noter :
(1)Le prélèvement forfaitaire unique (PFU) ou flat tax est composé de 12,8 % d’impôt sur le revenu et de 17,2 % de prélèvements sociaux.
(2)Le seuil de 150 000 euros est global et s’applique par conséquent sur tous vos contrats d’assurance vie.
L'épargne destinée aux enfants est une épargne de long terme, qui justifie l'intérêt d'investir dans des actions. En effet, les actions offrent généralement de meilleurs rendements, la longue durée permettant d'atténuer plus sereinement les fluctuations du marché.
À partir de 12 ans
À partir de 12 ans, un livret jeune peut être ouvert, ce qui en fait l’une des rares exceptions parmi les livrets d’épargne accessibles avant la majorité. L’ouverture et la gestion du livret nécessitent l’accord des représentants légaux jusqu’à l’âge de 16 ans.
Conçu pour les jeunes de 12 à 25 ans, ce livret d’épargne offre un taux d'intérêt attractif et des conditions fiscales avantageuses (il bénéficie d’une exonération d’impôts). Le montant maximal qu’un titulaire peut déposer sur son Livret Jeune est de 1 600 €, mais les intérêts générés peuvent dépasser ce plafond. Le taux d’intérêt du Livret Jeune est fixé librement par chaque banque, mais il ne peut être inférieur à celui du Livret A.
L’argent déposé sur le Livret Jeune est disponible à tout moment avec l’autorisation du représentant légal jusqu’à 16 ans. Le Livret Jeune doit être fermé au plus tard le 31 décembre de l’année du 25e anniversaire de son titulaire. À ce moment-là, le solde peut être transféré vers un autre produit d’épargne.
Epargner c’est bien, placer intelligemment, c’est mieux ! Evitez de laisser vos économies dormir sur un compte qui ne rapporte rien, et faites attention à différentes subtilités avant de vous lancer :
Faible rentabilité : Les taux d’intérêt des comptes d’épargne sont souvent bas, ce qui peut entraîner un rendement réel très faible, voire négatif, après avoir pris en compte l’inflation.
Érosion par l’inflation : L’inflation peut réduire la valeur réelle de l’argent déposé sur un compte à faible rendement. Si l’inflation dépasse le taux d’intérêt, le pouvoir d’achat de l’épargne diminue au fil du temps.
Accès restreint aux fonds : Certains investissements, comme le crowdfunding immobilier, impliquent que l’argent soit bloqué pendant une durée déterminée, ce qui limite la disponibilité en cas de besoin urgent de liquidités.
Complexité de certains produits : Contrairement aux comptes d’épargne simples, des options comme l’assurance-vie ou les plans d’épargne en actions (PEA) peuvent être plus complexes et nécessitent une bonne compréhension des marchés financiers et des stratégies d’investissement.
Fiscalité spécifique : tout produit d’investissement ou d’épargne dispose d’une fiscalité propre qui n’aura pas le même impact au moment du retrait du capital. Attention à bien se renseigner en amont, notamment en fonction de l’horizon de placement que vous envisagez.
Autres placements : investir dans l’immobilier ?
D’autres placements financiers existent mais ne peuvent être ouverts qu’à la majorité. C’est le cas du LEP (livret d'épargne populaire), qui nécessite de fournir un avis d'imposition. Il en va de même pour le livret de développement durable et solidaire (LDDS), ainsi que pour le PEA (plan d’épargne en actions) qui permet d’accéder à des placements en Bourse. À noter toutefois dans le dernier cas, les jeunes rattachés au foyer fiscal de leurs parents peuvent ouvrir un PEA Jeune, avec un plafond de 20 000 €, inférieur à celui d'un PEA classique. Ce dispositif est réservé aux 18-25 ans. Il se rapproche du PEAC vu précédemment, réservé quant à lui aux jeunes de moins de 21 ans.
L’investissement immobilier peut également être une piste intéressante pour placer l'argent de votre enfant. Comment ?
- En investissant dans un bien locatif situé dans une ville étudiante par exemple, un excellent moyen de préparer les études de vos enfants. Ils pourront occuper ce logement, tout en vous permettant de constituer un patrimoine.
- Vous pouvez aussi vous tourner vers un investissement en SCPI (Société Civile de Placement Immobilier) et acheter des parts pour votre enfant. Vous pouvez investir à hauteur de votre budget, ainsi qu'en nue-propriété pour éviter de payer des impôts sur les loyers. C’est donc un placement plus accessible, qui peut être intéressant pour céder un capital à la majorité de votre enfant. En moyenne, les SCPI affichent un rendement de 4,53 %, certaines montent jusqu’à 7 % (chiffres 2022).
“Il ne faut pas mettre tous ses oeufs dans le même panier”
Vous le savez, pour répartir le risque et multiplier les chances de rendement, la clé réside dans la diversification.
Quelle fréquence d’épargne pour ses enfants ?
“L’épargne n’est pas ce qui reste à la fin du mois, mais ce qu’on met de côté au début.”
Eh oui, la régularité est de mise dans la constitution d’un capital, surtout si votre objectif est de laisser une certaine somme à Titouan à sa majorité.
Pour y arriver et éviter d'éventuels oublis (“ah mince, j’ai dû acheter ce SUV, j’ai oublié le virement de Titouan…”), on vous recommande le virement automatique. Programmé, ce virement mensuel effectué en début de mois vous permettra de ne pas reléguer au second plan l’épargne de votre enfant.
Au-delà des virements effectués à titre personnel, des moments charnières pourront maximiser l’épargne de vos enfants : la naissance, l’entrée à l’école et l'adolescence, plus propice pour responsabiliser davantage l’enfant.
Par exemple, vous pouvez lui proposer d’épargner 20 % de son argent de poche pour financer un projet de rêve (l’achat d’une console, un stage sportif, un voyage à l’étranger…). Un moyen ludique de le rendre plus autonome dans la gestion de son épargne et l’inciter à faire des bons choix entre des achats compulsifs sans valeur ajoutée et des achats réfléchis dans le temps. Vous vous rendrez vite compte si votre enfant passe haut la main le test du marshmallow…
Combien devriez-vous épargner pour vos enfants ?
Il n’y a pas de règles, cela dépend de nombreux facteurs : vos revenus, vos charges, le nombre d'enfants, votre épargne personnelle, ainsi que le montant que vous souhaitez lui léguer à sa majorité.
Par exemple, si vous voulez que votre enfant puisse posséder un capital de 15 000 € à ses 18 ans, il vous faudra épargner environ 50 € par mois à un taux de 3 %. (Taux du livret A actuel fixé jusqu’au 1er janvier 2024).
- Si votre salaire est inférieur à 1 000 €, vous pouvez épargner environ 5 % de vos revenus.
- Si vous gagnez entre 1 000 et 1 500 € par mois, cette épargne peut monter à 10 %.
- Si vous gagnez entre 1 500 et 2 000 € par mois, vous pouvez tabler sur 15 %.
- Si vous gagnez entre 2 000 et 3 000 € par mois, vous pouvez aller à 30 %.
- Si vous gagnez plus de 3 000 € par mois, vous pouvez monter à 35 %.
Enfin, n’oubliez pas de réévaluer régulièrement votre stratégie d’épargne afin de l’ajuster en fonction de l’évolution des besoins et des priorités familiales. Cela peut être à chaque rentrée scolaire ou début d’année pour anticiper les besoins de chacun (voyage scolaire, frais d’inscription d’activité sportive, stage linguistique…).
Faire des dépenses excessives au détriment de l'épargne
Négliger la diversification des investissements
Laisser l'argent dormir sans le faire fructifier
Sous-estimer l'importance de la planification à long terme
Commencez à épargner dès aujourd'hui pour sécuriser l'avenir de vos enfants et n’hésitez pas à les impliquer dans la gestion de leur épargne, vous leur donnerez de précieuses clés pour préparer leur vie d'adulte future.