Devenir propriétaire, c’est plus qu'un simple achat de briques et de béton. C'est surtout s'installer quelque part pour un certain temps, et envisager son avenir sur quelques années. Mais dans un monde où la vie est pleine d'imprévus, les questions fusent. Alors on saute le pas ou pas ?
Un rapport à la propriété en évolution…
Autrefois, devenir propriétaire était plus accessible que cela ne l'est aujourd'hui. Avec la hausse des prix immobiliers, l'évolution des modes de vie et des transformations dans le monde du travail, acheter prend une nouvelle dimension
On ne peut pas vraiment leur en vouloir quand on voit que la précarité chez les jeunes est bien installée. Les chiffres sont plutôt clairs : les 18-29 ans sont aujourd’hui les plus touchés par la pauvreté. C’est ce qu’explique
Antoine Dulin dans
Précarité des jeunes : le grand bizutage.
Ça ne s'arrête pas là. En France, un jeune de 18-29 ans sur cinq (sur)vit avec moins de 60 % du revenu médian, soit 1 100 € (si l'on se base sur le revenu médian fixé par l'INSEE à 1 850 €). Autant dire que ça laisse peu de marge pour la créativité (et les projets immo).
Le problème, c'est que la situation ne s'améliore pas avec le temps, comme l'indique l'Observatoire des inégalités : en 2002, 8,2 % des 18-29 ans étaient considérés comme pauvres, contre 12,5 % en 2018, soit une progression de plus de 50 %.
Alors forcément,
cette précarité a des conséquences sur la manière dont les jeunes envisagent l'accès à la propriété. Selon une étude de la société de courtage américaine Redfin, 12 % des sondés appartenant à la génération Z (née après 1995) estiment qu'ils ne pourront pas posséder de bien immobilier de leur vivant. Un pessimisme que l'on retrouve aussi chez leur aînés. En effet, près de la moitié des millennials interrogés considèrent leur faible
capacité d'épargne comme un obstacle majeur à l'achat d'une propriété immobilière.
… influencé par les changements de mode de vie
Au-delà de l'aspect financier, c'est aussi la relation au travail et à la carrière qui joue un rôle crucial. Un
rapport du Sénat sur l'évolution des modes de travail souligne la facilité de changement de job et la tendance à la fragmentation de l'emploi, surtout chez les jeunes générations.
Selon Pôle Emploi, les jeunes actifs d'aujourd'hui changeront en moyenne 13 à 15 fois d'emploi au cours de leur vie, avec une durée moyenne de 5 ans au même poste. 5 ans, ça représente aussi le temps qu’il faut pour amortir les
frais de notaire. Forcément, ça pousse à réflexion.
Nouvelles générations et immobilier : un rapport ambivalent
Selon notre sondage mené en avril 2023 avec YouGov, 40 % des 18-34 ans préfèrent devenir propriétaires plutôt que de rester locataires. Il faut dire qu’avec les réformes des retraites qui rendent l'avenir plus incertain, les Français veulent s’assurer d’avoir un toit au-dessus de leur tête avant d'atteindre la retraite. Un argument de plus pour sauter le pas de l'
achat immobilier, selon 56 % des 18-34 ans. La pierre, un refuge sûr dans la tourmente.
Et que dire de la génération Z ? Ces jeunes-là, malgré un certain pessimisme, se mettent à l'épargne et envisagent sérieusement l'achat immobilier. On le sait, acheter c’est aussi se préparer un avenir.
C’est d’ailleurs pour ça que la rénovation à la cote. La société de courtage américaine Redfin indique que 32 % des millenials seraient favorables à l'idée d'acheter un bien ancien nécessitant des travaux. Signe que malgré tout, ils arrivent à trouver des solutions pour pallier leur
capacité d’emprunt moins favorable. En somme, tout est une question de stratégie.
Générations rentiers
Et en parlant de stratégie, l'immobilier devient le terrain de jeu de certains qui rêvent de devenir multi-propriétaires, voire même d'atteindre le statut envié de rentiers. Rien de très surprenant quand on sait que 62 % des Français aspirent à être « très riches », selon un sondage Ifop pour Critiquejeu.info. Une tendance accentuée chez les jeunes de la génération Z, âgés de 18 à 24 ans, qui sont 78 % à viser cet objectif.
Alors sans surprise, les Français se tournent vers l'immobilier, leur deuxième placement préféré selon une étude de Masteos en collaboration avec Harris Interactive et Toluna.
Mais pourquoi ces ambitions ? L'envie d'indépendance financière et le désir de liberté dans le choix de leur destinée y sont pour beaucoup. Ces jeunes veulent décider du moment où ils pourront choisir ce qu’ils veulent faire de leur temps, sans avoir la pression de gagner de l’argent en travaillant 5 jours sur 7. Pour répondre à leurs aspirations, ces jeunes investisseurs achètent avec l'intention
d’investir et de faire de la location. Une stratégie astucieuse pour concilier rêves d'autonomie financière et réalité sociale.
Une question d'éducation
Pour atteindre ces objectifs ambitieux, une véritable
prise de conscience sur l'éducation financière est nécessaire. Car, soyons honnêtes, les Français ne sont pas les meilleurs élèves sur le sujet. Selon une étude d'Allianz, 26 % d'entre eux pensent manquer du bagage nécessaire pour prendre des décisions éclairées sur le plan financier.
Alors de nouvelles initiatives voient le jour pour sensibiliser le public à ces enjeux cruciaux.Récemment, Thomas Perret, président de Mon Petit Placement, a écrit une tribune publiée dans Les Echos Start appelant l'éducation nationale à intégrer l'éducation financière dans le programme scolaire. Il a souligné également l'importance de sensibiliser les jeunes dès leur plus jeune âge sur le sujet, avec l'implication des parents et des entreprises. Parallèlement, le gouvernement français a
lancé le passeport Educfi (éducation économique, budgétaire et financière) en partenariat avec la Banque de France. L’objectif ? Sensibiliser sur le sujet les collégiens pendant la semaine de l'éducation financière.
C'est sans compter sur les comptes dédiés à l’argent, à la création d'enveloppes pour mieux gérer son budget ou encore la multiplication des plateformes traitant de sujets financiers sur les réseaux sociaux. Preuve que le sujet a besoin d’être exploré.
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Penser son achat autrement
Face à un avenir parfois aussi clair qu'une météo bretonne et un lien avec le travail qui change profondément, les questions sur l’achat immobilier sont légitimes.
Mais n’oublions pas qu’avec une durée moyenne de crédit de 8 ans, la propriété peut être aussi un chapitre adaptable de l'existence. Comment vous projeter ? Si vous avez la capacité d'acheter, c'est le moment. L'essentiel, c’est surtout penser votre achat à aujourd’hui car vous n’y resterez pas enchaîné à vie.
Quand on pense à acheter, on s’imagine souvent que c’est un nouveau point d'
ancrage qui nous lie à un lieu - et qui limite notre liberté de mouvement, aux yeux de certains. Vous avez pourtant toujours la possibilité de le louer ou de
revendre votre bien pour en acheter un autre - et pourquoi pas de faire une petite plus-value au passage. Et qui a dit que vous deviez acheter pour vivre dans votre bien ?
Vous avez la possibilité d'acheter en envisageant la location par la suite, ou même d'habiter temporairement dans votre bien avant de le mettre en location. C’est une bonne option qui vous laisse une marge de manœuvre et la liberté de prendre votre sac à dos pour faire le tour du monde sans avoir à revendre votre maison ou appartement.
Bref, il n’y a pas une manière unique d’acheter et c’est pour cela qu’autant de solutions alternatives existent aujourd’hui. Alors, si vous avez l’envie de vous lancer, quels que soient vos plans sur l’avenir, acheter reste une manière de se créer un patrimoine qui dure dans le temps. Et ça, c’est une belle assurance pour le futur.
Pour aller plus loin : ces nouvelles méthodes d'habiter
- Faire du coliving. Comme une coloc améliorée, c’est un véritable mode de vie qui casse les codes de la solitude locative. Ici, les espaces favorisent la vie en communauté avec convivialité.
- Habiter dans un tiny house. C'est le coup de pied au maximalisme ! Ces micro-maisons ne font pas dans le superflu, mais bien dans l'essentiel.