Génération Z et immobilier : ils veulent acheter comme papa maman
Qui sont les jeunes de la Gen Z ?
Génération connectée
Nés entre 1997 et 2010, les jeunes de la Génération Z sont les premiers à être nés dans un monde entièrement connecté. Ils n’ont jamais connu le monde sans internet et ne dissocient pas le physique du digital, contrairement à leurs aînés de la Génération Y qui ont, eux, vécu la transition.
Elisabeth Soulié, anthropologue, définit la Génération Z comme “une génération qui a développé ses représentations, ses imaginaires, son rapport au monde, de manière totalement digitale. Ce n’est pas un monde où les relations sont artificielles parce qu'elles sont souvent numériques. Ce sont de vraies relations. La Gen Z sait qu'il y a une mise en scène de soi sur les réseaux sociaux, elle n'est pas dupe, mais elle se joue aussi de ça. Elle est aussi en quête de relations transparentes”.
Ultra-connectée, cette génération est empreinte d’une forte liberté, qui lui vaut parfois d’être considérée comme instable ou volatile, notamment dans le monde de l'entreprise.
Mais cette génération n’est pas forcément plus rebelle, elle est simplement animée par des systèmes de valeurs différents tels que la quête de sens, l’épanouissement et l’équilibre de vie. Elle ne sacralise plus l’entreprise comme les précédentes générations et n’hésitent donc pas à bouleverser les codes internes pour suivre ses propres aspirations.
Multi-facettes
Des aspirations guidées par des valeurs de transparence, d’appartenance ou encore de tolérance envers les genres, la sexualité ou les religions.
Etrangement, ce côté progressiste vient se mêler à un modèle de vie plus traditionnel. En effet, comme papa et maman avant eux, l’accès à la propriété reste important pour la jeune génération : 80 % des 18-34 ans en font un objectif prioritaire.
La Gen Z ne finit pas de nous surprendre en sortant des schémas binaires. Le sociologue allemand Zygmunt Bauman parle de “fluidité” pour évoquer cette caractéristique propre à cette jeune génération :“Pour moi, cette génération est liquide dans le sens-là où elle fait des va-et-vient constants. Et ce qui était antagoniste jusqu'à présent ne l'est plus avec elle.”
Une génération multi facettes qui n’est pas sans similitudes avec la génération hippie des années 70 - l’utopie en moins. Les jeunes d'aujourd'hui sont en effet très conscients des enjeux auxquels ils vont devoir se confronter.
Une génération qui veut sécuriser son avenir
Un futur incertain
Est-ce que la Gen Z serait plus optimiste que les anciennes générations ? Rappelons que la génération X (les personnes nées entre 1965 et 1976) était considérée comme la génération désenchantée par excellence (comme le chantait si bien Mylène Farmer en 1991).
Pour Elisabeth Soulié, ce n’est pas forcément le cas. Selon elle, “la génération Z ne croit pas que demain sera forcément mieux qu'hier. La Gen Z est dans une forme de réenchantement. Simplement, elle ne se projette plus dans l'avenir. La notion du temps a complètement explosé avec le numérique. On est dans l'instantanéité, le fait d'avoir des informations, de pouvoir communiquer en temps réel a complètement modifié son rapport au temps. Elle est recluse dans l'instant présent, dans ce qu'elle est en train de vivre. Et donc elle ne se projette plus. Une autre raison pour ne pas se projeter est que le monde lui paraît assez anxiogène.”
Réchauffement climatique, guerres, crise sanitaire… Le contexte actuel n’est en effet pas des plus optimistes, et les jeunes de la Gen Z préfèrent assurer leurs arrières, notamment en achetant leur résidence principale.
Selon une enquête Guy Hoquet, 35 % des jeunes achèteraient pour s'assurer d'avoir un logement (préférant rembourser un crédit que de payer un loyer chaque mois) et 36 % pour pouvoir se constituer un capital pour leur vieux jours - la retraite n’étant plus une certitude pour eux (contrairement à leurs parents et grands-parents) depuis la réforme des retraites en 2023. Un argument supplémentaire pour acheter pour 3 jeunes sur 5.
Pour se constituer un capital, certains jeunes n’hésitent pas à miser sur l'investissement immobilier. Conseillés par des influenceurs et Youtubeurs spécialisés en finance, ils développent des stratégies pour optimiser leurs placements, chérissant le doux rêve de devenir un jour rentier... Pourquoi pas !
Pas si “yolo" ("you only live once", pour "on ne vit qu'une fois"), la Gen Z a finalement un côté un peu tradi. Comme ses parents avant elle, elle veut anticiper l’avenir.
Et on la comprend. Cette volonté de devenir proprio “comme les vieux”, s’explique aussi par la forte précarité dont souffre cette génération. Depuis l’inflation, les files d’attentes d’étudiants se multiplient au Restos du Cœur. Selon la Fédération des associations générales étudiantes, un étudiant sur cinq ne mangerait pas à sa faim.
Une précarité financière qui se cumule à la précarité du marché du travail, aux prix de l’immobilier et aux taux toujours élevés. Les jeunes, aux côtés des foyers les plus modestes, ont d’ailleurs été parmi ceux à souffrir le plus de la hausse des taux immobiliers ces derniers mois.
- Les Prêts aidés pour faciliter l’achat immobilier : PTZ, prêts accession sociale… De nombreux prêts subventionnés par l’Etat peuvent être avantageux pour acheter un bien immobilier. En savoir plus.
- Les aides pour rénover son logement : Ma PrimeAdapt’, ma Prime Logement Décent… Certaines aides de l’Etat peuvent également faciliter le financement de travaux. En savoir plus.
De nouvelles exigences
Malgré l’instabilité du monde actuel, cette jeune génération se permet aussi de rêver d’espace et d’extérieur : 47 % des 15-25 ans interrogés souhaitent un jardin ou balcon selon une étude menée par Bouygues Construction et Jam, une agence marketing. Des attentes nouvelles depuis la crise du Covid-19.
L’âge médian pour devenir propriétaire se situe à 32 ans. En savoir plus.
Une pression sociale toujours présente
Au-delà d’un filet de sécurité pour préparer l’avenir, l’achat immobilier est aussi toujours considéré comme un marqueur de réussite sociale. En effet, comme la Rolex à 50 ans pour Jacques Séguéla, l’appart ou la maison reste encore aujourd’hui le signe qu’on a réussi dans la vie.
Pour l'anthropologue Elisabeth Soulié, “cette génération ne peut pas se déconnecter, car elle a besoin de pouvoir réagir en permanence très rapidement à ce qui se dit sur ces réseaux sociaux. Ce jeu subjectif n’est possible que si elle est en permanence connectée. Quand la personne n'est pas connectée, elle n'est plus au centre du jeu et elle n’a plus cette même subjectivité.”
Comme ses parents avant elle, la Gen Z revit finalement la même pression sociale liée à l’achat immobilier. Mais cette pression est aussi alimentée par un besoin pressant de sécuriser l’avenir, dans un contexte social et économique incertain. Souvent perçu comme “bloquant”, l’achat immobilier devient alors vecteur de liberté. Devenir propriétaire aujourd’hui permettrait d’acheter sa liberté demain. Espérons que les conditions d’accès au crédit évoluent favorablement pour donner les moyens à cette jeune génération de réaliser ses rêves.