Le micro-living ou vivre dans un mouchoir de poche : focus sur une tendance qui frappe à notre porte
Vous vous demandez pourquoi votre appartement ressemble subitement à l’une de ces chambres d’hôtel capsule au Japon ? Voilà là l’influence du micro-living. Ne vous affolez pas, ce terme n’a rien d’une maladie, c’est peut-être même une vraie alternative à cette folie qui consiste à construire toujours plus ! Focus.
Trouver un logement dans une grande ville n’a jamais été aussi compliqué et les files d’attentes de 40 personnes devant un studio parisien en location n’effraient (presque) plus personne. Face à l’attractivité constante des métropoles, à l’emploi qui n’y décline pas, à l’offre culturelle importante, la majorité des actifs reste dans les grandes villes. Du coup, les espaces de vie s’adaptent et le micro-living fait une entrée remarquée dans notre société. Parés pour le décoll… Euh, décryptage.
Le "micro-living", kézako ?
Ce drôle de concept a vu le jour il y a déjà une dizaine d’années. Le micro-living, aussi appelé "micro-logement" ou parfois "appartement de poche" (à croire qu’on peut n'y ranger que des livres…) est un habitat installé dans une petite voire très petite surface.
En 2015, les dirigeants de la Grosse Pomme (aka New York) ont commencé à proposer des micro-appartements à destination de ménages aux revenus modestes. Le concept ? Créer des modules appelés "micro-unités" d’une surface atteignant 23 à 34 mètres carrés avec deux espaces distincts : une partie fonctionnelle avec cuisine et salle de bains et une autre destinée à l’espace de vie avec salon et chambre, rangements compris.
Londres a suivi la tendance en se lançant dans la transformation de bureaux vacants en habitats. L’objectif : créer environ 1 500 logements dans ces espaces professionnels inoccupés d’ici 2030.
À Tokyo, et plus globalement dans les grandes villes japonaises, le micro-living existe depuis déjà des décennies. Après les hôtels capsules, des micro-logements dans de micro-résidences créées dans des immeubles d’affaires ont vu le jour. Ils sont parfois très rudimentaires, n’offrent que peu de confort et il est même impossible de s’y tenir debout. Ces conditions de vie seraient-elles règlementaires en France ? Pas sûr…
Et en France, ça donne quoi ?
Dans l’Hexagone, la surface minimale légale pour un logement est de 9 mètres carrés, avec une hauteur sous plafond d’au moins 2,20 mètres. Imposées par la loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbain), ces conditions ont pour but d’éviter la prolifération de marchands de sommeil peu scrupuleux.
Néanmoins, si vous souhaitez acheter une pièce de moins de 9 mètres carrés et l’aménager pour l’habiter, c’est possible. Mais il faut l’avouer, si les chambres de bonnes parisiennes trouvent souvent preneurs, moins de 9 mètres carrés, ça reste quand même très petit pour vivre !
D’ailleurs, en France, on parle de "micro-living" lorsque la surface d’habitation au sol atteint au moins 14 mètres carrés. On est loin des micro-espaces japonais dans lesquels l’entrée s’opère à quatre pattes !
Du reste, "micro" ne signifie pas "mal conçu". C’est tout l’enjeu des architectes et des promoteurs qui se creusent les méninges sur les projets de logements dans les métropoles, Paris en tête. Leur objectif ? Proposer des habitations aux petits espaces optimisés. Car un micro-logement doit être pourvu d’un minimum de confort : un dispositif de chauffage, des sanitaires, une installation d’eau potable, de l’électricité…
La France a déjà vu émerger des résidences pour jeunes actifs ou logements étudiants qui proposent des espaces de vie compacts mais bien agencés et équipés. Ces résidences peuvent également offrir des espaces communs partagés comme une salle d’étude, un réfectoire, une bibliothèque, une buanderie, une salle de fitness, etc. et des services tels que le ménage et le gardiennage de l’immeuble. Il peut arriver que ce type de logements propose des espaces extérieurs : terrains de sport, parcs arborés, locaux à vélos, etc. Ça nous donnerait presque envie de reprendre nos études…
Le micro-living, un choix engagé
Outre celle du manque de place, la tendance du micro-living pose d’autres questions. L’aspect écologique devient une vraie préoccupation, le secteur du BTP étant l’un de ceux qui génère le plus d’émissions de gaz à effets de serre.
Ces micro-maisons aux espaces ultra bien pensés séduisent aussi bien les couples que les (petites) familles. Parce que plus c’est petit, plus c’est mignon ? Eh non, là n’est pas la raison principale, même s’il faut l’avouer, les tiny houses ont vraiment du charme - et éveillent nos souvenirs ou rêves de cabane…
A rebours des villas XXL qui misent sur la démesure, ces petits espaces de vie nécessitent moins de matériaux. Plus qualitatifs et plus raisonnés (bois, isolants biosourcés, matières naturelles…), ces derniers génèrent moins de déchets. En prime, l’énergie utilisée y est limitée car le chauffage et l’éclairage sont forcément moindres, limitant alors l’empreinte carbone.
D’ailleurs, les constructeurs de tiny houses l’ont bien compris, et ces petites maisons peuvent être totalement autonomes en énergie. Installer des panneaux solaires sur le toit et/ou équiper le logement d’un mini-poêle à granulés ou à bois sont de vraies solutions pour bien vivre dans une maison de poupées tout en générant une faible empreinte carbone. À quand la mini-cheminée ?
Vivre dans un micro-logement revêt également une démarche engagée dans une société de (sur)consommation où des irréductibles décident de prendre le contre-pied en investissant un lieu plus petit. Micro-cerise sur le gâteau, ils vivent parfaitement bien le fait de ne conserver que l’essentiel !
Micro-maison, maxi-économies ?
Un petit espace est aussi souvent synonyme d’"acheter moins cher", comme l’explique Audrey dans l’article "Elle rêvait d'une résidence secondaire au vert, elle a construit sa tiny house" :"Ce petit format nous permettait de ne pas avoir une énorme somme à sortir, contrairement à une maison. Pour l’achat du terrain de 4 000 m2 + la construction de la maison de 33 m2 et son aménagement, cela nous a coûté 170 000 €." Et comme elle l’a expérimenté, on la croit !
Ajoutez, outre le prix d’achat, de substantielles économies à l’entretien et côté dépenses énergétiques. Bref, le micro-living affiche bien des avantages.
Et en pratique, comment s’organise un micro-intérieur ?
Les cloisons ont leur rôle à jouer, elles délimitent les espaces et intègrent des rangements, essentiels dans le micro-living. Un mur renferme un bureau ou un ‘vrai’ lit qu’il suffit d’abaisser et qui disparaît comme par magie. Recoins et alcôves ne doivent pas être laissés pour compte et accueillent une bibliothèque ou des patères. Rien n’est laissé au hasard. "Zéro mètres carrés inutiles ni entretien chronophage, juste de beaux volumes, du bois et de grandes ouvertures pour vivre dedans-dehors. C’est exactement ce qu’on a aujourd’hui.". C’est Audrey, la propriétaire de la tiny house, qui le dit !
Et la salle de bain dans tout ça ? Si vous rêvez d’une baignoire rétro sur pieds, il va falloir pousser les murs. N’oubliez pas, qui dit micro-appartement dit aussi micro-salle de bain ! L’installation doit y être la plus fonctionnelle possible avec un meuble-lavabo et des toilettes suspendus pour libérer l’espace au sol et faciliter le ménage. La dernière chose à savoir : l’"escamotable" et le "pratique" sont les maîtres-mots de votre organisation pour la vie en micro !
Quels avantages à vivre dans un micro espace ?
Poser ses valises dans un micro-appartement ou dans une tiny house séduit de plus en plus d’habitants car les avantages ne sont pas négligeables.
Et le confort de vie dans tout ça ? Outre "l’escamotable et le pratique", les micro-appartements voient souvent le jour au cœur des métropoles, offrant un accès facilité aux transports en commun, aux commerces, mais aussi à l’emploi et à la culture.
Et puis, nous l’avons vu, le micro-living encourage un retour au minimalisme avec des espaces fonctionnels et polyvalents. Grâce à ce mode de vie, à bas l’accumulation, vive la vie simplifiée ET le confort !
Les micro-logements ou l’envers du décor…
Vivre dans un micro-appartement ou une tiny house par envie de se reconnecter à l’essentiel devient tendance à partir du moment où… il s’agit d’un réel souhait. Mais il persiste bel et bien un “mais”... Tous ne choisissent pas volontairement ce mode de vie ! Il s’impose parfois comme la seule alternative pour bénéficier d’un toit, en tant que locataire ou que proprio.
Et si les avantages sont séduisants, ils s’accompagnent pourtant d’inconvénients. Comme celui de devoir compresser son espace de vie jusqu’à risquer de se marcher dessus. Difficile aussi de marier vie perso et vie pro (aka télétravail) dans un espace de poche.
Et puis dans le cas d’un micro-espace, le minimalisme peut être davantage subi que choisi. Comment intégrer le vase en cristal de tante Hélène ? Comment ranger les jeux des enfants ? Et les vêtements d’été et d’hiver ? Car, même si les recoins regorgent de tiroirs et d’étagères, ranger peut devenir un vrai casse-tête et trier et ne garder que l’essentiel s'avère incontournable pour bien vivre dans un micro-espace. Si vous êtes de ceux-là, armez-vous d’une dose de courage pour savoir quoi conserver dans ce minimalisme quelque peu forcé !
Et vous, êtes-vous prêts à ce changement ? Nous, clairement, on y pense, mais avant, il va falloir trier !