La colocation à 40 ans, ça donne quoi ?
Ils ont 40 ans ou pas loin et ont choisi de vivre en colocation. Idée saugrenue ou solution viable ? D’ailleurs, est-ce qu’une colocation à 40 ans se forme de la même façon qu’une cohabitation à 20 ans ? Et côté organisation, ça se passe comment ? On donne la parole à ces adeptes de la coloc.
Quand on entend le mot "coloc", on se remémore tout de suite l’univers de Friends ou des charmants expats de l'Auberge Espagnole de Klapisch, aka une étape souvent incontournable pour les jeunes désireux de vivre dans des métropoles où les loyers sont loin d’être donnés.
Mais en échangeant avec Karine, Greg et Bruce, tous trois en colocation à bientôt 40 ans, on se dit que leur façon de vivre n’a plus tout à fait le même visage.
Pour eux, la coloc à 40 ans n’est pas uniquement la résultante de questions pécuniaires, ni le souhait de conserver son côté adulescent nourri par les souvenirs nostalgiques de leur vingtaine. Et si elle peut paraître décalée à 40 ans, renvoyant une image extérieure quelque peu péjorative, on a la preuve que la vie en coloc peut être un vrai mode de vie. Rencontre avec trois colocataires heureux de l’être !
Comment se forme une colocation à (presque) 40 ans ?
Leur envie de colocation résonne presque de la même façon chez les trois colocs.
Originaire d’Auvergne, Greg, 39 ans, est un aficionado de la vie en communauté : "J’ai fait beaucoup de colocs, d’abord Paris, puis l’Angleterre, l’Australie, l’Espagne, en couple ou tout seul. Je pense qu’inconsciemment, c’est surtout par peur de la solitude et de rentrer chez moi sans qu’il n’y ait personne… J’ai toujours besoin d’être entouré !"
Installé en banlieue de Bordeaux, il partage son appartement avec deux colocataires, dont Karine, 36 ans."Quand on est célibataire, c’est moins triste !“ explique cette dernière. “Et pour moi, l’aspect financier est important, ça nous permet de vivre dans un espace plus grand. Si j’étais seule, je serais dans un petit studio à Bordeaux."
Pour Bruce, bientôt 43 ans, la configuration est un peu différente : "Je me suis installé à l’étranger après mon divorce. J’ai vécu seul dans un T3 à mon arrivée en Dominique, j’aurais pu le rester, mais la colocation me permet d’avoir l’interaction sociale dont j’ai besoin." Il partage aujourd’hui son appartement avec Amandine, 35 ans.
Qu’est-ce qui a poussé nos quasi quadragénaires à sauter le pas et à s’installer en colocation ?
"Notre coloc était une occasion, pas un objectif en soi. Avec Amandine, on était déjà amis et on sentait qu’on avait les mêmes valeurs, ça s’est vérifié en vivant ‘vraiment’ ensemble !", explique Bruce.
Pour Greg, l’auberge espagnole, c’était avant, en Espagne justement ! Sa colocation avec "les filles" s’est formée pendant le Covid. "Karine et Marine étaient déjà en colocation ensemble et elles parlaient de partir de Paris pour Bordeaux. Elles m’ont demandé si ça me tentait. La seule condition, c'était d'avoir l’aval de mon patron pour travailler exclusivement en télétravail. À partir du moment où j’ai eu son feu vert, c'était ‘banco’ !".
Il reconnaît cependant que même avec son expérience des colocations, il ne se serait pas lancé dans le projet sans connaître ses voisines de chambre. "On a un peu la même façon de vivre et de voir les choses, c’est aussi pour cette raison qu’on a ce lien." Et Karine de confirmer : "On a la chance d’être amis. Aujourd’hui, on ne ferait pas de colocation avec n’importe qui !"
La série des “co” est en plein essor, notamment auprès des Millenials. Généralement célibataires, ils sont adeptes de coworking, de covoiturage, de colocation et désormais de coliving. Si vous n’en avez pas encore entendu parler, c’est le moment de se mettre à la page !
Nouveau mode de colocation, le coliving en est la version haut de gamme. Le colocataire peut louer une chambre tout confort, mais aussi tout un panel de services : Internet, ménage, parking surveillé, cours de sport, abonnement Netflix ou Amazon Prime, mise à disposition de vélo ou de trottinette électrique, conciergerie… Le must ? Une déco design et moderne digne du secteur de l'hôtellerie de (presque) luxe !
Ça s’organise comment, une coloc à 40 ans ?
À écouter les uns et les autres évoquer leur vie en communauté, cette dernière s’avère plutôt fluide. "Greg s’occupe plutôt de l’extérieur, Marine va passer l’aspirateur très (très) régulièrement et moi je vais faire un ménage de fond en comble environ deux fois par mois. Notre organisation au sein de la maison est instinctive et s’est mise en place facilement, notamment avec le travail et les occupations de chacun", explique Karine.
Greg confirme : "Finalement, notre organisation, c’est du bon sens. Celui qui a le temps de s’occuper d’une chose le fait, c’est aussi simple que ça !"
D’ailleurs, chez Karine et Greg, qui fait les courses ? "C’est chacun de notre côté ! Tout simplement parce que nous n’avons pas les mêmes habitudes alimentaires. Mais on a mis en place un ‘Tricount’ pour les dépenses quotidiennes comme les condiments, les produits d’entretien, etc."
Colocs à 20 versus 40 ans, qu’est-ce qui change ?
Entre les premières années d’expérimentation de la colocation et aujourd’hui, qu’est-ce qui a changé pour nos colocataires ?
Karine sourit. "Déjà, ‘nous’ avons changé ! On a mûri, on est davantage capables de se remettre en question pour mieux vivre avec les autres. À 20 ans, on n’avait pas forcément autant de recul sur une discorde. Ce qui change aussi peut-être, c’est un plus grand besoin d’intimité."
Et qu’en pense Greg ? Le futur quadra est dubitatif : "Je n’ai pas l’impression d’avoir changé. Je pense qu’on ferait les mêmes soirées qu’il y a 10 ans si on avait tous nos amis à proximité " Et l’intimité dans tout ça ? "Je suis un peu plus fou-fou que Karine et Marine, j’ai moins besoin d’intimité, mais je respecte la leur !"
La Société Civile Immobilière familiale est un statut juridique permettant à plusieurs membres d’une même famille de partager la propriété d’un bien. Parmi ses avantages, réduction d’impôts, transmission du patrimoine à ses héritiers optimisée et gestion partagée.
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Pour Bruce, une colocation n’est pas une question d’âge. "En ce qui me concerne, toutes mes colocs se ressemblent plus ou moins. J’ai peut-être un état d’esprit un peu différent, mais selon moi une coloc change en fonction de la personne avec laquelle on vit. Ce n’est pas une histoire d’âge, on ne peut pas généraliser."
Et sinon, c’est quoi les inconvénients de la coloc ?
Lorsque l’on évoque les inconvénients de la colocation, on a tendance à penser au manque d’intimité ou d’implication de l’un et à la désorganisation de l’autre… Mais qu’en disent Karine, Greg et Bruce ?
De son côté, Greg revient sur l’aménagement à trois dans leur maison. "On a d�� se réadapter à la vie ensemble dans cette maison, chacun avec son périmètre. Pour vivre en coloc, il faut être ouvert sur les autres, s’intéresser à eux, vivre simplement et lâcher prise sur des choses qui ne servent à rien. On peut empiéter sur la vie des autres seulement s’ils l’acceptent ! Dans notre coloc’, on a toujours su communiquer pour régler les soucis. Aujourd’hui, on en a moins parce qu’on a appris de nos erreurs."
Et Karine de renchérir : "On essaie de se créer des espaces d’intimité, mais parfois c’est pas si simple, même si la maison offre un nombre suffisant de mètres carrés pour vivre à trois. J’apprécie notre vie, mais j’ai aussi besoin de mon intimité."
Bruce, lui, ne mesure pas les inconvénients comme tels. "Quand on connaît la personne avec laquelle on effectue une colocation, c’est plus simple de gérer les griefs. C’est un peu comme quand on part en vacances avec des amis, ça demande des efforts de part et d’autre. Pour moi, c’est une histoire de compromis. Ce que je perds en intimité, je le gagne en convivialité ! Si on n’a pas un esprit d’ouverture, de respect et d’empathie, ça ne peut pas fonctionner."
D’accord, mais la vie amoureuse a-t-elle une place dans une coloc’ à 40 ans ? Doivent-ils signaler qu'ils se trouvent en charmante compagnie en mettant une chaussette sur la poignée de la porte de leur chambre, ambiance campus ? (on caricature, mais vous voyez l’idée). Lucide, Bruce partage son avis sur la colocation adulte ET sur sa potentielle future relation : "Si j’étais en couple, une colocation avec une autre personne serait incompatible."
Dans la coloc bordelaise, le sujet est justement d’actualité. Karine explique : "Marine est en couple, mais pour l’instant ils se voient dans un Airbnb, car même si la maison est grande, on manque un peu d’intimité pour construire quelque chose. Je pense que ça dérangerait moins Greg, il a un côté plus communautaire que nous !"
La colocation, comme une seconde famille
Chez les trois colocataires, on perçoit rapidement que leur vie en colocation en étant adultes est un vrai choix de vie.
"Au-delà du fait qu’on soit des colocs, on est surtout des amis, c’est un peu comme si on s’était créé une petite famille", explique Karine. Un avis partagé par Greg. "On apprend tous les jours des autres. Le fait qu’on soit amis amène peut-être plus de respect que si on était de simples colocs."
À l’aube de leurs 40 ans, leur colocation exhale un petit parfum d’idéal… Et là encore, on se dit qu’on n’est pas loin de l’univers de Friends.
Pour Bruce et Amandine, c’est aussi l’histoire d’une amitié : "Le fait de vivre en colocation avec Amandine nous a rapprochés, en prime, on a un peu le même caractère. Elle et moi n’aimons pas les conflits, on échange rapidement quand quelque chose ne va pas. Quand on est amis, la discussion est plus profonde que si c’était une colocation simple. Après, c’est certain que la gestion des tâches partagées et la répartition des coûts comme le loyer ou le partage de la caution sont des avantages. Mais pour moi ça n’était pas l’objectif, c’est juste un plus de notre coloc !"
S’ils ne le disent pas concrètement, ils forment tout de même à eux deux (en plus des amis situés dans les environs) une mini-famille. Leur Noël, ils le passeront ensemble sur la plage à trinquer des cocktails Dominiquais en maillot de bain et bonnet de Père et de Mère Noël, distribution de cadeaux en prime !
Et demain, toujours colocs ?
"On va sur notre troisième année de cohabitation. On ne sait pas ce que l’avenir nous réserve, le projet durera le temps qu’il durera. Après, on avisera, on essaie de penser au moment présent…"
En Dominique, le schéma "métro-boulot-dodo” n'existe pas vraiment, alors l’avenir est encore moins un sujet pour Bruce et Amandine, dont la cohabitation est récente.
Karine, elle, songe peut-être davantage au lendemain. "On aspire quand même à construire quelque chose. On en a déjà parlé, on sait qu’on ne s’installera pas en couple du jour au lendemain. On a une bonne qualité de vie ici, et puis on a du temps…"
Un mot de fin sur la coloc à 40 ans? On le laisse volontiers à la jeune femme :"Un ami de ma mère a un projet de colocation, il a 65 ans. Peut-être que c'est pour l’aspect financier ou pour briser la solitude… Finalement, la colocation peut être une solution à n’importe quel âge et je trouve ça super !"
Et face à son enthousiasme, mais aussi à celui de Greg et de Bruce, on investirait presque une coloc, nous aussi. Enfin… peut-être plus tard, qui sait ?