Faut-il laisser une chance à son logement ?
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Il arrive que le désir de renouveau nous donne envie de quitter notre logement. Mais l’herbe est-elle vraiment plus verte ailleurs ? Comment savoir s’il faut partir ou donner une seconde chance à cet espace devenu trop familier ? Avant de faire nos cartons, ne serait-il pas possible de réinventer notre intérieur ? Ou bien vaut-il mieux tout plaquer sans se retourner ?
Les raisons de vouloir changer de logement
Parfois, l’envie de changement nous donne envie de tout quitter : notre job, notre conjoint, notre logement. Pour les deux premiers cas, nous nous abstiendrons de tout conseil, ce n’est pas notre domaine de prédilection. Mais pour votre intérieur, on a quelques pistes de réflexion.
Qu’on soit locataire ou propriétaire, on connaît bien ce sentiment de lassitude à l’idée de voir tous les jours la même déco, les mêmes pièces, les mêmes meubles, le même mari. La routine a ce côté confortable qui peut vite ternir le quotidien. On n’est ni mal, ni vraiment bien non plus. Un mi-cuit (sans le goût du chocolat). Elsa a connu ce sentiment :
“Cela faisait 3 ans que je louais mon appartement à Bordeaux. Je m’y sentais bien, il était à mon goût, mais j’étais lasse de vivre ici. Je crois que j’étais arrivée au bout d’un cycle. J’avais envie de renouveau.”
Un renouveau que nous sommes nombreux à vivre (de façon voulue ou subie) : chaque année, nous serions 3 millions à faire nos cartons. Dans une vie, cela représenterait en moyenne 4,6 déménagements. Ça en fait des cartons !
Thibaut Sallenave, professeur de Philosophie et auteur du livre “Changement d’adresse : une philosophie du déménagement“, rejoint Elsa dans cette idée de “fin de cycle”. Il voit dans l’acte de déménager une réinvention de soi :
“Changer d’adresse, ce n’est jamais simplement substituer un chez soi à un autre. Quitter une maison, un appartement, c’est refermer une page de sa vie.”
Une nouvelle page qui peut aussi être l’occasion d’imaginer une nouvelle organisation de vie, quand nos besoins évoluent et que la famille s’agrandit par exemple. Mais aussi lorsqu’on aspire à de nouveaux projets professionnels (mutation, entrepreneuriat…) ou qu’on a de nouvelles attentes bien-être (luminosité, calme, nature…).
Ce fut le cas de Manon et de son conjoint qui ont envisagé le déménagement pour des raisons professionnelles :
“On voulait se rapprocher du cabinet de kinésithérapie de mon conjoint, dans le 9e arrondissement car nous vivions dans le 14e. Mais sans renier sur tous les avantages de notre appartement actuel qu’on aime d’amour ! Il est au dernier étage, lumineux, avec le charme de l'ancien, des cheminées dans toutes les pièces… On voulait juste le déplacer en plein centre de Paris !”
Enfin, d’autres fois, c’est littéralement notre logement qui nous pousse vers la sortie : dégât des eaux qui s’éternise, mauvaise isolation, conflits avec ses voisins…
Dans toutes ces situations, une envie pressante de partir se fait sentir. Mais la fuite est-elle la meilleure option ? Ou bien une option tout court ? Car la décision de partir n’est pas toujours évidente, qu’on soit locataire ou propriétaire, de nombreux facteurs entrent en jeu.
Les propriétaires ayant bénéficié d’un taux à 1 % peuvent témoigner de cette douloureuse décision à prendre. Comment racheter un nouveau bien avec les taux actuels ? Lire l'article
Les avantages de réévaluer son logement actuel
En immobilier comme en amour, on vous recommande d’évaluer la situation avant de prendre une décision définitive. Vous éviterez peut-être un déménagement (ou un divorce).
Pour commencer, analysez les besoins qui se manifestent derrière cette envie de changement. Vous pouvez notamment vous appuyez sur la Pyramide de Maslow qui définit 5 types de besoins qui rythment le quotidien de tout individu :
Par exemple, votre désir de partir est-il dû à un besoin d’être dans un environnement sécurisant car votre quartier actuel est dangereux ? Ou bien êtes-vous en quête d’appartenance car vous vivez en banlieue et que tous vos amis sont en centre-ville ? Vous voulez donc vous rapprocher d’eux pour vous sentir appartenir au même groupe ?
Par ailleurs, vos critères n’ont probablement pas tous la même importance. Prenez le temps de les questionner et de les noter de 1 à 10 selon la valeur que vous leur accordez : un besoin essentiel (10/10), un besoin négociable (7/10), un besoin “caprice” (2/10).
Besoin essentiel : vous allez avoir des jumeaux et vous avez besoin à tout prix d’espace pour accueillir votre famille. Pousser les murs ne suffira en effet pas pour accueillir deux enfants sous votre toit.
Besoin négociable : vous télétravaillez 1 jour par semaine chez vous et vous voulez une pièce dédiée à votre bureau. Est-ce que votre logement actuel ne pourrait pas répondre à cette attente avec quelques aménagements ?
Besoin “caprice” : vous avez un appartement parfait dans un quartier idéal, mais vous avez décidé que vous ne seriez heureux qu’avec une cheminée ancienne en marbre. Derrière ce “caprice” se cache peut-être une nostalgie de votre enfance, quand vous passiez vos vacances chez votre grand-mère et qu’elle faisait un feu de cheminée devant lequel vous vous pelotonniez avec un bon chocolat chaud ? À méditer. (Cela fera 70 € pour la séance de psy, de rien.)
Ce dernier point n’est pas négligeable, comme le souligne Thibaut Sallenave :
“Cette transition entre le domicile à quitter et la nouvelle demeure à habiter a quelque chose de vertigineux. Il y a aussi ce moment souvent mélancolique lorsque le domicile quitté sonne dans le vide. On passe dans les pièces pour un dernier regard.”
Faites les calculs : voir le prix écrit noir sur blanc d’un déménagement pourrait vite réfrenner vos envies de nouveauté !
Manon et son conjoint n’ont finalement pas eu besoin de subir le coût d’un déménagement dans le 9e… La réalité du marché a été comme une douche froide :
“On s’est vite rendu compte que c’était mission impossible de trouver un appartement comme le nôtre dans le centre de Paris, à moins de rajouter 500e de loyer ! On a quand même fait 3 visites : le premier n’était pas assez lumineux et le deuxième une vraie cage à lapin. Le 3e à Opéra était parfait, mais malgré un dossier en béton, il nous est passé sous le nez à peu de choses… On s'est dit que ces recherches étaient trop énergivores et que c'était un signe pour finalement rester chez nous.”
Bon, si on a décidé de rester, comment alors aménager son intérieur pour lui redonner une seconde vie ? Comment créer la nouveauté dans un lieu qui est si familier ?
Les solutions pour améliorer son logement
Vous avez évité la rupture et venez de vous épargner un déménagement (ou un divorce) ? Parfait, mais pour ne pas retomber dans les mêmes travers, il est peut-être temps d’adopter quelques changements ? Plus ou moins conséquents selon votre burn out intérieur.
Niveau facile : changer de décoration
Comme changer de coupe de cheveux après une rupture, changer vos meubles, repeindre vos murs ou réorganiser vos espaces peut donner une seconde vie à votre logement. Basique, ce conseil a toutefois fait ses preuves et ne vous demandera pas trop d’investissement.
Selon vos besoins, vous pourriez par exemple opter pour des plantes vertes (effet nature garanti), agencer vos meubles selon la méthode Feng Shui ou encore faire appel à une coach en psychologie de l’habitat pour rééquilibrer les énergies de votre intérieur.
Remplacer des grosses pièces comme un canapé, un tapis ou une bibliothèque, suffit aussi parfois à porter un regard neuf sur son environnement, comme Elsa l’évoque :
“Je saturais de voir toujours les mêmes objets chez moi. Alors du jour au lendemain, j’ai décidé de racheter de petits éléments de déco : une nouvelle housse de couette, des nouveaux cadres aux murs, des nouveaux coussins… Ce n’était pas grand chose, mais j’avais l’impression d’être ailleurs grâce aux nouvelles couleurs. Je me suis réappropriée ce lieu qui n’avait jamais changé en 3 ans !”
Niveau intermédiaire : Entreprendre des travaux de rénovation Vous êtes prêt à vous retrousser les manches ? Extension, rénovation complète de certaines pièces, pose de parquet… Laissez libre court à votre imagination en vous faisant éventuellement aider de professionnels pour concevoir l’intérieur qui vous conviendra le mieux.
Si vous êtes propriétaire, c’est peut-être aussi l’occasion d’effectuer certains travaux de rénovation énergétique pour réduire vos coûts en améliorant l'isolation de votre bien. Pour les locataires, vous devrez faire la demande à votre proprio en espérant qu’il accepte vos doléances…
Au-delà de changer son “chez soi”, on peut aussi décider de changer sa façon de voir les choses. Une manière un peu philosophique d’appréhender un problème :
soit on fait quelque chose pour attaquer le problème : déménager par exemple
soit on fait quelque chose pour se raconter que le problème n’est pas un problème : retomber amoureux de son chez soi.
C’est ce que Manon et son conjoint ont décidé de faire :
“C'est l'enfer de chercher un appart à Paris. On préfère se préserver et garder notre chez nous, surtout qu'on l'aime énormément. Au pire nous achèterons un scooter si les trajets sont trop pénibles ahah”
Quand il est temps de passer à autre chose
Et puis, parfois, rien n’y fait, il faut partir.
Peut-être parce que les coûts de rénovation sont trop élevés par rapport à la valeur de la maison, parce que des travaux ne seraient pas suffisants, ou tout simplement parce qu’on ressent viscéralement le besoin d’un nouveau départ, comme Elsa. Il est alors inévitable de déménager :
“Après avoir changé ma déco, j’ai ressenti un nouveau souffle, je me sentais mieux chez moi. Cela a duré 1 an. Jusqu’à ce que le même sentiment revienne… J’avais envie d’ailleurs. Je n’avais fait que repousser le problème ! Mais ce n’est pas grave, cela m’a permis de prendre le temps de la réflexion avant d’être vraiment prête à partir.”
Cette décision de partir n'est en effet jamais aisée, elle apporte une certaine peur, des doutes mais aussi de la nostalgie, comme l’explique le professeur de philosophie :
“Mettre en cartons, classer, trier, c’est retomber dans une armoire sur des souvenirs qui ont occupé notre vie jusque-là. Réaliser que, parfois, de déménagement en déménagement, on laisse enfermés dans des cartons les mêmes objets. C’est ne pas pouvoir se séparer de certains parce qu’ils symbolisent notre enfance, nos proches, notre vie d’avant. Ils composent notre récit et construisent notre identité.”
Pour autant, l’acte de partir peut se vivre sereinement dès lors que la décision est prise consciemment, qu’on comprend les raisons de ce choix et qu’on se sent en accord :
“Même si j’ai peur d’un nouveau départ, je suis heureuse de partir. Je sens que c’est juste, que c’est le bon moment pour moi. Alors je fonce !”, explique Elsa.
Il arrive aussi parfois que ce soit l’envie de devenir propriétaire qui pousse à ce nouveau départ. C’est le cas de bon nombre de parisiens, qui, face aux prix exorbitants du marché, ont dû se résigner à quitter la ville lumière. Un départ qui questionne forcément (on sait ce qu’on quitte, pas toujours ce qu'on gagne), mais qui amorce de nouvelles perspectives de vie : construire une famille, changer de travail, s’installer à l’étranger…
Bref, partir pour mieux se réinventer.
Alors, l’heure est-elle à la rupture ou à la réconciliation ? Allez-vous laisser une deuxième chance à votre logement ? Prenez le temps d’explorer les solutions qui s’offrent à vous, questionnez vos besoins avant d’envisager (peut-être) un nouveau départ.